D’où vient la tradition du jeûne dans les religions ? Quel est le sens de ce jeûne ? Comment est –il pratiqué par les chrétiens, les musulmans, les juifs ou les hindous ? En quoi la privation alimentaire devient nourriture spirituelle ?

Cette semaine, Dieu m’est témoin s’intéresse à la pratique du jeûne vécue dans les territoires d’Outre-mer. Marie Lesure-Vandamme recevra sur le plateau le père Jean-Paul Pouillet, prêtre du diocèse de Nouméa en Nouvelle-Calédonie et Eric Vinson, journaliste chercheur spécialiste du fait religieux. Nous irons à Mayotte rencontrer la famille Benhamad, qui en plein ramadan, nous rappellera l’importance du jeûne chez les musulmans. Nous irons également en Guadeloupe, suivre la famille Errin au temple hindou dans sa pratique du jeûne.

Est-ce que la tradition du jeûne est présente dans toutes les religions?

Pour le spécialiste du fait religieux, il semblerait que le jeûne soit une pratique universelle et donc présente dans toutes les religions connues. On en retrouve des traces, par exemple, dans l’Antiquité grecque, romaine ou encore en Égypte. On retrouve donc des caractéristiques anthropologiques et métaphysiques communes. Néanmoins, il existe des spécificités propres à chaque religion.

Quelle est la différence entre le jeûne islamique et le jeûne chrétien?

Chez les musulmans, le jeûne fait partie des piliers de l’islam. C’est-à-dire qu’il est obligatoire (sauf exceptions, comme lorsque l’on est malade, enceinte, etc.). Les musulmans doivent alors s’abstenir de manger et boire, du lever au coucher du soleil, pendant un mois. Le mois du ramadan est un temps de recueillement de méditation. Il est rappelé, pendant l’émission, que c’est au cours du ramadan que le Coran a été révélé au prohète Mahomet. Jeûner sert donc à purifier et vivifier la personne, afin qu’elle se détache de préoccupations matérielles pour se tourner à la fois vers Dieu, mais aussi vers les plus pauvres (en faisant l’expérience de la faim et de la soif).

Chez les catholiques, le jeûne n’est pas obligatoire. C’est une invitation à se recentrer sur le spirituel. En effet, le jeûne eucharistique invite le chrétien à s’abstenir de manger de la nourriture solide une heure avant la messe et donc la communion avec le corps du Christ. Pendant le temps du Carême, il est aussi demandé de ne pas manger de viande. Il s’agit alors de se préparer mentalement et physiquement à la célébration de l’eucharistie ou de la fête de Pâques.

Quelle est la pratique du jeûne chez les hindous?

En Guadeloupe, nous observons une famille hindoue jeûner quelques jours avant de se rendre au temple. Ici, le jeûne ne correspond pas à de la privation de nourriture, mais plutôt à un régime végétalien. On s’abstient donc de manger de la nourriture animale (viande, fromage, oeufs). Cela permettrait de purifier à la fois le corps et l’esprit avant de se présenter devant les divinités.

Quel est le sens spirituel du jeûne? 

Le jeûne serait donc un temps de prière plus intense, un temps pour se relier aux autres (aumône) et au divin. C’est une pratique individuelle et globale, mentale et physique. Dans nos sociétés occidentales, d’autres formes plus sécularisées du jeûne existent. Aujourd’hui, par exemple, la tendance est à la “détox” : détox alimentaire (où l’on privilégie une régénération physique), détox digitale, détox relationnelle… En faisant l’expérience du manque physique, on peut alors prendre conscience de notre attachement à telle ou telle chose (cigarette, nourriture, alcool, relations, écrans). Le jeûne permet alors de se libérer de sources polluantes et de se rendre disponible à autre chose, qu’elle soit transcendante ou non.

 

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