Jaklin Pavilla, originaire de la Guadeloupe, responsable de la pastorale des migrants et première-adjointe au maire de Saint-Denis (93) nous raconte ses journées depuis le confinement.

A quoi ressemblent votre quotidien depuis le confinement ?

Depuis le début du confinement, la ville de Saint-Denis a pris des dispositions pour la sécurité de ses agents, de ses habitants et bien sûr des élus. Le maire, Laurent Russier, est présent physiquement en mairie avec deux collègues différents chaque semaine. Personnellement, il m’a été demandé de rester bien confinée, pour prendre le relais si nécessaire. Mais confinement ne veut pas dire ne rien faire car les journées sont bien remplies et nous devons être particulièrement attentifs aux personnes isolées. Avec mon époux, Philippe*, nous avons, dès le début du confinement, mis un mot dans notre immeuble, pour nous mettre à disposition des personnes qui avaient besoin d’imprimer une attestation de déplacement ou de faire quelques courses. Nous faisons d’ailleurs régulièrement les courses pour deux personnes âgées.

En tant qu'élue, quelle aide apportez-vous aux malades du Covid-19 ou aux familles des victimes  ?

En tant élue, je reçois beaucoup d’appels pour des demandes d’informations ou de conseils que ce soit pour des obsèques ou des mariages. Par exemple, deux personnes sont décédées récemment dans la cité où j’habite et les familles avaient besoin d’être accompagnées dans leurs démarches et soutenues dans ce moment difficile. Elles souhaitaient rapatrier le corps dans leur pays d’origine mais malheureusement ce n’est pas possible dans l’immédiat. L’autre jour, un médecin m’a téléphoné pour savoir s’il était possible de faire un mariage pour un monsieur atteint du Covid-19. Ce monsieur vivait avec sa compagne depuis 30 ans et voulait mettre de l’ordre dans sa vie avant de partir. Dans ce cas précis, il a fallu prendre contact avec le parquet. Cela peut se faire à condition d’avoir un certificat médical et que la personne se trouve en phase terminale. Pour l’instant j’attends le retour du médecin pour me déplacer à l’hôpital et célébrer ce mariage avec bien sûr toutes les précautions nécessaires.

Comment maintenez-vous les liens avec les services de l’Etat ?

Le maire est en étroite liaison avec les services de l’Etat. Il interpelle chaque service compétent pour toutes les questions liées par exemple à l’école ou encore le manque des masques qui empêche les professionnels de travailler dans des bonnes conditions.

Est-ce que votre responsabilité au sein de la pastorale des migrants prend une nouvelle dimension avec le confinement ?

Je suis simplement engagée au sein de ma paroisse, la paroisse St-Denis de l’Estrée. Je suis très fière de faire partie de cette communauté, vivante, priante et surtout très solidaire. Depuis le confinement, nous avons la chance de pouvoir écouter les évangiles et les homélies via Youtube. En plus il y a une permanence tous les jours entre 11 heures et 13 heures dans l’église pour déposer et remettre des colis alimentaire destinés à ceux qui en ont besoin. Je prends le temps aussi d’appeler les amis. On sent bien que c’est important pour les personnes qui sont seules, c’est ma manière de garder les liens.

Votre époux qui est diacre est-il lui aussi sollicité ?

Philippe vit son ministère à fond pendant ce confinement. Il est bénévole au Secours Populaire, responsable du pôle hygiène. Il reste présent auprès des personnes sans domicile fixe, parfois avec la peur au ventre. Il leur permet de prendre une douche deux fois par semaine. Il livre aussi avec d’autres bénévoles des colis alimentaires d’urgence aux familles en difficulté. Il me dit que voir le sourire sur leurs visages, lui redonne de l’espoir. C’est un service énorme qu'il rend et il est heureux de pouvoir le faire. 

Comment avez-vous vécu la semaine sainte ?

Quand des personnes me font remonter des besoins alimentaires, je donne les coordonnées de mon mari qui ensuite livre ces colis alimentaires. C’est notre manière de vivre la semaine sainte. 

Quel message souhaiteriez-vous transmettre aujourd’hui ?

Un message tout simple. Restons chez nous pour sauver des vies car ce minuscule virus n’a fini de faire des dégâts...

Propos recueillis par Isabelle Gratien

*Philippe Pavilla est diacre permanent pour le diocèse de Saint-Denis (93) et membre actif de l’association Sonjé (qui valorise l'histoire de l'outre-mer caribéen, préserve la mémoire des victimes de l'esclavage, et lutte contre toutes formes de discrimination).